samedi 14 mai 2016

Le recrutement (3/4) ~ Time to shine : l'entretien

 








 Dans l'épisode précédent (ici) : j'ai reçu mon invitation pour la deuxième phase du recrutement. Je suis arrivée à l'hôtel New-York pour les entretiens, récupéré mon heure de passage, et les portes vers la salle des congrés de l'hôtel viennent juste de s'ouvrir (après que je me sois tapée la honte devant une recruteuse, au passage)...

I - Et rêver, ça, ils savent faire


crédit photo : @Disney_Emploi
Donc avons suivi les panneaux mickey, qui nous ont emmenés dans un couloir joliment  décoré avec des fleurs géantes. Nous sommes passés sous un court tunnel avec plein de LEDs trop belles, et puis nous avons pénétré dans une immense salle (quand je dis immense, c'est immense). De chaque côté de l'entrée, les recruteurs et autres Cast members présents nous attendaient en ligne, et nous saluaient quand on passait (je me suis demandée s'ils allaient pas se mettre à faire la hola, ou un truc). La salle était très sombre, ce qui mettait très bien en valeur toutes les décorations. Je pense que tout le monde avait les yeux qui brillaient quand on est entrés (les candidats avaient les yeux qui brillaient hein, pas les recruteurs... On était beaux, mais pas à ce point). Pour ma part, je n'ai pas pu contenir un "wahou". Sur notre droite était dressée une scène avec un écran géant, des fleurs géantes sur les côtés (on est dans le thème) et des enceintes (wait for it...) géantes.  Sur notre gauche, un panneau fait de toile et illuminé indiquait le "Village des métiers". 


Si on m'avait filmée, jpense que ça aurait donné ça...
Nous avons pris place dans les chaises qui étaient disposées devant la scène, avec, sur chacune, un petit sac en toile, sur lequel était marqué le slogan de Disneyland Paris Careers ("Faire rêver, c'est un métier"). De l'autre côté du sac était marqué "Disneyland Carears", jeu de mot très étudié. Non, ils n'ont pas oublié les oreilles de mickey sur le "carears". 

Une fois que tous les candidats furent installés, deux recruteurs sont montés sur scène et nous ont servi un speech (traduit en langue des signes par une traductrice, s'il vous plait) destiné à nous présenter la Walt Disney Company, les parcs Disney à travers le monde, la philosophie Disney, les avantages offerts aux Cast members, la politique de la société, ses valeurs (notamment les quatre clés : sécurité, courtoisie, spectacle et efficacité),... Tout cela illustré par des vidéos avec des musiques épiques diffusées à plein volume qui donnent des frissons bien comme il faut, des diapos,... Enfin bref, un vrai show à l'américaine. A la fin, j'avais envie de me lever et applaudir. Sans rire. J'ai eu l'impression qu'ils ont cherché à nous faire adopter l'entreprise autant que nous avons cherché à nous faire embaucher. Et ça a totalement marché !

Nous tous, à la fin de la présentation
 Après ça, ils ont ouvert le village des métiers, derrière nous : il s'agissait d'un ensemble de stands où nous pouvions aller poser des questions et discuter avec les cast members présents, sur différents thèmes. Par exemple, la restauration était présente sous la forme d'un stand avec atelier de décoration de cupcakes et une présentation de sculpture sur pastèque (si si). Deux illustrateurs de Disney étaient là également pour dessiner (duuh) et nous parler de leur boulot. Il y avait également un espèce de  jeu de trivial poursuite à faire par équipe avec un dé immense et des pions immenses sur un plateau immense (vous avez trouvé le mot clé ?), où toutes les questions portaient sur l'univers disney (les dessins animés, les parcs, le travail des cast members, les attractions,...). Bref, il y avait une dizaine de stands, avec des animations sympas ou des informations pratiques à recueillir (notamment vis à vis du logement ou du pôle handicap).

Mais, pour moi, l'heure n'était pas à la détente : il était déjà 9h30, soit l'heure de mon entretien... 

J'ai donc demandé ma direction à une cast member qui m'a gentiment dire de suivre les panneaux (... No comment...). J'ai donc trouvé mon chemin comme une grande, vers un autre couloir où se trouvait une petite file d'attente d'une dizaine de personnes. Un Cast member a vérifié mon nom sur sa tablette et m'a marquée présente, puis j'ai attendu. Je n'ai pas attendu longtemps, très vite j'étais face à une dame installée à un bureau, à l'entrée d'une autre très très grande salle où étaient disposées plein de tables circulaires (peut être une vingtaine), auxquelles étaient installés des recruteurs. 

Que je vous explique comment un entretien est sensé se passer : normalement, les candidats se présentent par binômes face à un recruteur seul. Un seul recruteur, deux candidats. 

La dame au bureau a pris ma carte avec l'heure de passage marquée dessus, puis nous a indiquées, à ma binôme et moi, une table au fond de la salle. 

 II - Ready, set, action ! 


On prend une grande inspiration, on se tient droite, on prend une démarche assurée... Allez Diane, c'est le moment, on y va ! Oh, et on oublie pas de sourire, hein. 
Une fois ma checklist mentale terminée, je me suis dirigée vers la table qui m'a été attribuée, suivie par ma binôme. Surprise... Il n'y avait pas un recruteur, mais deux recruteurs ! Nous avons dû passer l'entretien devant l'un des recruteurs qui avait fait la présentation quelques minutes plus tôt sur la grande scène, devant le grand écran (avec les grandes fleurs, blablabla), ainsi que devant une recruteuse. Ils se sont levés à notre approche et nous ont serré la main. 

Nous, quand on est arrivées devant les recruteurs...
"Ah bah on a le sourire !" a lancé le recruteur... Et moi de lui répondre : "toujours !". Oui, je suis très inspirée dans ce genre de situations. 

Ils nous ont fait signe de nous asseoir (ce qu'on a fait, bien sûr), puis la recruteuse a pris les choses en main. Elle nous a demandé notre dossier, et nous a dit que la première qui le lui remettrait passerait la première. 
Je ne saurais pas vous dire pourquoi, mais j'avais vraiment envie de passer la première. En fait, si, je sais pourquoi : je suis stressée, ça fait peur, alors autant en finir. Du coup, j'ai dégainé mon dossier plus vite que mon ombre, et je le lui ai limite lancé dans les mains. Bon, ça commence bien ! Je crois d'ailleurs que ma binôme n'a pas trop compris mon empressement. Mais je ne pense pas que ça l'ai dérangée non plus (sinon, je suis vraiment, vraiment, vraiment désolée). Bref, je suis passée la première. 

La recruteuse a commencé par regarder ma fiche de candidature, où j'avais dû renseigner mes disponibilités, mon adresse, comment je comptais me rendre à Disneyland pour travailler (soit si j'avais le permis ou non), et où j'avais dû classer par ordre de préférence les trois postes qui m'intéressaient le plus. J'avais mis OAA en premier, vente en deuxième et restauration en troisième. Il fallait aussi, bien évidemment, préciser le type de contrat pour lequel on postulait (CDD pour moi).
Elle a commencé par me poser des questions simples : tout d'abord, elle a repris mes disponibilités. Ensuite, elle m'a demandé ma pointure en précisant "c'est pour les chaussures de sécurité que vous devrez porter lorsque vous travaillerez sur les attractions" devant mon air légèrement surpris. Nous avons également passé en revue les moyens de transport que je comptais emprunter (et l'épineuse question : "avez-vous votre permis ?".. Non, pas encore...). 
Après cela, elle m'a demandé si je ne serais pas intéressée, éventuellement, par un CDI à mi-temps le week-end l'année prochaine. Elle a ajouté, devant ma forte hésitation : "si non, il n'y a pas de problème". J'ai donc poliment refusé, n'étant pas réellement disponible le week-end (oui, j'ai une vie... Enfin presque). 

Jusque là, tout allait bien. Et puis la fameuse question : pourquoi voulez-vous travailler à Disneyland Paris ? Oui, la question que j'avais anticipée pendant des mois. Celle que j'avais soigneusement préparée, répétée, soignée dans ma tête. Eh bien j'ai eu le plus grand mal du monde à sortir trois phrases. J'ai balbutié quelques arguments dans le désordre (j'adore aller sur le parc, j'aime l'univers Disney, c'est une grande entreprise à la renommée internationale, et le côté multi-culturel est très important pour moi). J'ai bien sûr laissé plein de trucs de côté, sinon je n'aurais rien eu à regretter et ce n'aurait pas été drôle... La recruteuse a souri, et moi j'avais envie de me taper la tête contre les murs.

 La recruteuse a ensuite pris mon CV, l'a parcouru et m'a demandé mes expériences passées. Je lui ai dit que je n'avais pas réellement d'expérience, juste des baby-sittings réguliers et deux semaines de stage dans une écurie en Californie. Elle a posé mon CV et m'a demandé si je ne serais pas intéressée par un poste de palefrenière. J'ai tout de suite dit oui, je serais intéressée. Je me suis alors vue demander pourquoi je n'avais pas postulé pour cette offre directement... Eh bien, je ne savais pas qu'ils cherchaient quelqu'un. Et ma recruteuse de rétorquer : "vous savez, on ne peut pas mettre toutes les offres sur internet !". 
Euh... D'accord !
Ensuite, on a parlé cheval, j'ai dit que j'étais cavalière depuis plus de treize ans et que j'aidais souvent dans mon centre-équestre, donc que j'avais de l'expérience. Elle m'a demandé si je préférais un poste de palefrenière ou un poste d'OAA. J'ai sans hésité dit que je préfèrerais travailler sur le parc, au contact des visiteurs... Et elle de répondre que certains postes avec les chevaux étaient en contact avec les visiteurs. Ah ? S'en suit la question : "savez-vous faire de l'attelage ?". Ah euh... Non. J'adorerais apprendre, mais non. 
J'ai encore une fois précisé que je préfèrerais être OAA plutôt que de travailler avec les chevaux, mais que, si on m'attribuait un travail de palefrenière, je ne dirais pas non.
La discussion équestre s'est terminée là. Changement brutal de sujet, sans transition : qu'est-ce qu'un opérateur/animateur d'attraction, quel est son rôle ? Je ne m'y attendais pas du tout à celle-là. J'ai balbutié une réponse, tant bien que mal. Et puis la question d'après : quelle est la qualité essentielle attendue d'un OAA ?  Sérieux ? Professionnalisme ?  Quelqu'un qui paye attention aux détails ? 

Euh... Là je sèche... Le deuxième recruteur (vous l'aviez oublié, hein ?) m'aide en me disant : "c'est une des quatre clés, exposées dans la présentation". 

Les quatre... Clés ?
Là j'étais un peu mal. C'était lui qui avait fait, en partie, la présentation, et j'avoue ne pas me souvenir des 3/4 de ce qu'il a dit... Et là, le flash : "sécurité ?". Hochement de tête de la part de la recruteuse, le recruteur se remet à prendre des notes et regarder sa tablette... Petite danse de la joie intérieure. J'ai trouvé. Avec de l'aide, mais j'ai trouvé !

Je pensais être sortie d'affaire, mais non. S'en ait suivi une petite mise en situation : "Vous êtes à l'entrée de Space Mountain, un père britannique arrive avec son enfant, qui est trop petit pour faire l'attraction. Ils ont payé 3 jours de visite sur le parc, le père et l'enfant veulent vraiment faire l'attraction, en plus c'est l'anniversaire du petit. Vous leur dites quoi ?
Euh... Au secours ?

Eh paf, une autre question à laquelle je ne m'étais pas du tout préparée. J'ai commencé par dire que je leur dirais probablement que je ne pouvais pas laisser l'enfant monter dans l'attraction, qu'il était trop petit, et que je dirais à l'enfant qu'il fallait encore attendre un peu. Oui, mais voilà, le père s'énerve. J'étais en stress complet. J'ai dit que je leur expliquerais les raisons pour lesquelles c'était impossible. L'enfant se met à pleurer

Je sais paaaaaaaaaas...
Mon cerveau tournait à plein régime et j'étais complètement en panique. C'était plutôt évident, et la recruteuse continuait de me pousser vers une réponse qu'elle attendait. Elle a fini par m'aider : vous leur proposerez quoi ? J'ai dit que je leur proposerais une attraction plus adaptée au petit, dans le même univers que Space Mountain. 
La mise en situation-torture s'est arrêtée là. Je n'étais pas du tout satisfaite, j'avais envie de me cacher sous la table. Mais sourire : check. Position corporelle détendue mais pas trop : check. On continue !

La recruteuse m'a demandé si j'avais le vertige : question facile, réponse facile (non). Elle m'a expliquée qu'elle me demandait ça car les employés sont sensés tester les attractions avant leur ouverture, pour vérifier que tout va bien, et que, si j'avais le vertige, ils ne pourraient pas me mettre sur des attractions en hauteur. De ce côté là, aucun problème.

Puis, retour des questions pièges : si j'appelais votre meilleure amie, qu'est-ce qu'elle pourrait me dire de vous ? Cette question, ou des questions du même principe, j'y avais déjà répondu plusieurs fois. Et pourtant. J'ai pris la réponse qui me venait en premier : je suis passionnée et je suis persévérante. Question suivante : Qu'est-ce qui l'irrite chez vous ? ... Et là, c'est le drame. Je cherche une réponse, mais mon cerveau est complètement vide. Vous voyez le néant ? Bah voilà.
Illustration de mon cerveau à ce moment T
Ah, si, j'ai bien une réponse qui se forme ! Mais au moment où je vais prononcer ces mots, je comprend ce que je vais dire.

Non, tais-toi ! Tu te chut ! STOP ! STOOOOOOP !!
 Trop tard... "Euh... Que je m'énerve vite". 

Pourquoi... Pourquoi ?!
Silence de la part de la recruteuse. Puis elle me demande : "mais dans la situation de tout à l'heure, vous vous seriez énervée ?". Je rappelle, juste pour info, que la deuxième clé est la courtoisie. Et je suis presque certaine à 100% que l'énervement n'est pas compatible avec la courtoisie.
Alors j'ai essayé de me débattre du mieux que je pouvais. J'ai dit que non, bien sûr que non, puisque je savais faire la différence entre le travail et la vie privée. Que je savais gérer mes émotions.
Et ça pédale, et ça pédale...


Sans plus de commentaire, la recruteuse est passée à l'anglais. J'ai eu droit à trois questions : mon âge, mes hobbies et mes dernières vacances. Je m'attendais à plus difficile, vu que j'avais jugé mon niveau d'anglais comme étant "courant" sur ma fiche de candidature. 

C'est sur cette note que s'est achevé mon entretien. Ma binôme est passée à son tour, et moi j'ai écouté en essayant de me faire oublier.

Je vais profiter de cet interlude pour vous expliquer un peu les issues possibles de l'entretien : selon la présentation qui nous avait été faite, les réponses étaient sensées être données sous 15 jours. Cependant, les recruteurs, lorsqu'un candidat leur plaît vraiment, peuvent leur proposer un contrat directement, à signer sur place. C'est, bien évidemment, ce que chacun espère. La seconde possibilité est que le recruteur vous annonce qu'il vous recontactera plus tard pour vous donner une réponse. Selon la façon dont l'entretien s'est déroulé, cette réponse est plus ou moins évidente.
En théorie, telles sont les deux possibilités qui suivent directement l'entretien.

Pendant l'entretien de ma binôme, j'ai vu le recruteur regarder sa tablette et chercher des choses (c'est sur la tablette que sont répertoriés, apparemment, tous les contrats disponibles directement).
 Après la fin de son entretien, les deux recruteurs se sont levés et le recruteur-monsieur (qui n'a presque rien dit des deux entretiens) nous a annoncées que nous connaîtrions la réponse sous 15 jours. J'ai été un peu déçue, mais je n'en ai rien laissé paraître. Après tout, ils nous avaient bien dit pendant la présentation que tel serait le processus, donc peut-être qu'ils ne distribuaient pas de contrats cette fois-ci. J'ai appris plus tard que certaines personnes en avaient eu directement, ce qui ne laissait rien présager de bon pour moi...

Mais, pour l'heure, je n'en savais rien. Nous avons remercié nos recruteurs et nous sommes parties. J'ai fait un tour du côté du Village des métiers, puis je suis rentrée a la casa (non sans avoir fait un tour au buffet et piqué un muffin au passage, on ne se refait pas). 

S'en ait suivie une très longue attente, qui a durée bien plus des 15 jours promis... Mais c'est une histoire pour un autre article [le 18/05/16] ! ;) 



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